Le Parlement du Kosovo, convoqué en session extraordinaire, a proclamé dimanche 17 février à Pristina l'indépendance de la province serbe à majorité albanophone.
"Le Kosovo est une république, un Etat indépendant, démocratique et souverain", a déclaré le président du Parlement Jakup Krasniqi, sous les applaudissements des parlementaires.
"A partir d'aujourd'hui, le Kosovo est fier, indépendant et libre", avait déclaré avant le vote à l'unanimité de la proclamation le Premier ministre Hashim Thaci. "Nous n'avons jamais perdu foi dans le rêve qu'un jour, nous compterions parmi les nations libres du monde", a-t-il ajouté. Le Kosovo, a-t-il dit, ne "sera plus jamais" gouverné par Belgrade. Ce sera un Etat "démocratique, pluriethnique", a-t-il assuré.
Rejet immédiat de Belgrade et Moscou
Sans surprise, la déclaration d'indépendance, "unilatérale et illégale" a été immédiatement rejetée par la Serbie, par la voix de son président Boris Tadic. La Russie a elle aussi rejeté la proclamation d'indépendance et réclamé une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations unies. Belgrade, soutenue par Moscou, avait exclu par avance de reconnaître le nouvel Etat.
Le gouvernement et le Parlement de Belgrade avaient prévenu qu'ils déclareraient "nulles et non avenues les actions des autorités de Pristina". L'ONU et même l'Union européenne, majoritairement favorable à la sécession, restent cependant divisées, tandis que Washington soutient l'indépendance. Boris Tadic a demandé dimanche aux institutions internationales de déclarer "nulle et non avenue" cette proclamation qui "viole les principes fondamentaux du droit international".
Mission européenne prévue
Je vous prie de porter la plus grande attenyion a ce fait, car je le prevoit comme un tournant...
Le Kosovo était administré par l'ONU depuis 1999 et l'intervention de l'OTAN, une campagne militaire de 79 jours qui mit fin à l'offensive des armées de Slobodan Milosevic contre les séparatistes albanophones. Sur les deux millions de Kosovars, 90% sont de souche albanaise, la plupart musulmans, avec une petite minorité de catholiques.
De son côté, l'UE a donné samedi son feu vert à EU-LEX, mission européenne qui viendra en quatre mois prendre le relais de l'administration onusienne: forte à terme de 1.800 personnes, dont 700 policiers, elle devra "assister les institutions kosovares" et aider au développement et au renforcement d'institutions judiciaires et de sécurité pluriethniques "libres d'interférence politique".
Dans la capitale Pristina, la population fêtait dimanche le nouvel Etat en tirant des coups de feu en l'air et en arborant des drapeaux albanais rouge et noir, tandis que les automobilistes actionnaient leurs avertisseurs sonores. (AP)